Retour

Votre référence : LJ/PC/MVW/FA/N°1138/N°2748

Dimanche 1er juin 1997

 

  • Monsieur Lionel JOSPIN
    Premier Secrétaire du
    Parti SOCIALISTE
    Fax : 01 47 05 15 78
  • Monsieur le Premier Secrétaire,

    Tout d'abord, permettez-moi de vous féliciter pour votre succès de ce dimanche. D'autre part, vous avez bien voulu prendre la peine de me lire et de me répondre et j'en suis très touché.

    Nous avons habituellement beaucoup de mal à sensibiliser les élus à la cause de la Condition Paternelle. Je suis d'autant plus sensible à votre courrier que les analyses que vous y développez rejoignent les nôtres en bien des points et vont bien au delà des positions que le parti socialiste développait encore en 1993 lors du vote de la loi sur la filiation.

    Cette loi, tout en apportant des améliorations indiscutables sur la question de l'exercice en commun de l'autorité parentale, a maintenu le principe d'une certaine inégalité de droit entre pères et mères à situation égale, que ce soit dans l'article 374 ou dans les textes concernant l'accouchement sous X.

    Au-delà de cet exemple, votre courrier témoigne à l'évidence d'une approche lucide des problèmes que nous posons.

     Quant à nous, si vous en doutiez, oui nous pensons que les parents doivent avoir conscience des responsabilités qui sont les leurs. En cas de séparation, ils doivent être encouragés et valorisés dans cette attitude par un médiateur familial qui les y aidera et non par un procès qu'on les force à se faire dès lors qu'ils ne sont pas d'accord sur tout ! (cas du divorce)

    Je suis convaincu que le combat pour l'égalité parentale que nous menons depuis des années est un combat d'avant garde et qu'il s'imposera de lui-même un jour mais je constate aussi tous les lundis à notre permanence d'accueil les dégâts, les drames humains, et les scandales que les pratiques actuelles engendrent.

     Je me réjouis au plus haut point de ce que vous considériez, comme nous, que le respect de la place de chaque parent est un "préalable absolu à une égalité réelle entre les hommes et les femmes dans tous les domaines".

     Il n'y a pas de temps à perdre Monsieur le Premier Secrétaire, puisque la situation présente semble vous conduire aux plus hautes responsabilités à la tête de l'Etat, je souhaite que vous acceptiez de nous accorder l'audience qu'aucun chef de gouvernement ne nous a jusqu'à maintenant accordé. Ceci afin de nous permettre d'approfondir le débat dans ce qui semble être nos objectifs communs.

    Et puisque que vous aurez à "cohabiter" avec le Président de la République, je vous rappelle que dans son discours sur la justice du 20 janvier, (uniquement commenté dans la presse par rapport aux "affaires") celui-ci avait lui aussi avancé les idées de "déjudiciarisation" que nous proposons depuis des années. Une commission a été constituée, elle ne nous a toujours pas contacté.

    Le temps est venu de doter notre pays de lois et de pratiques égalitaires digne de lui concernant la place des hommes et des femmes dans la famille, comme l'ont fait les Suédois, pays aussi à la pointe concernant la place des femmes dans la société.

    Si l'évolution des mentalités est nécessaire pour parvenir à une gestion "idéale" des séparations familiales, elle doit être encouragée par de nouveaux textes qui remplaceront ceux qui la freinent. La logique de guerre qu'imposent les usages actuels aux parents qui ne se résignent pas à vivre privés de leurs enfants doit être cassée.

    Cette évolution des mentalités n'est pas uniforme et il est patent que les pratiques actuelles brisent les pères égalitaires, impliqués en les marginalisant.

    Notre travail bénévole d'accueil, d'écoute et de conseil aux parents en difficulté, ne nous permettant de répondre qu'à une toute petite partie des demandes, il faut mettre en place des structures adéquates, nous sommes prêts à mettre notre expérience au service de ce projet.

    J'espère que l'espoir, que fait naître en nous la concomitance de votre réponse et de votre succès, pourra trouver dans un avenir proche des raisons d'être satisfait., et je vous prie d'agréer, Monsieur le Premier Secrétaire, l'expression de mes sentiments distingués.

    Emmanuel VALETTE

  •