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LETTRE OUVERTE AUX INTELLECTUEL(LE)S FRANCAIS(E)S

 

Vous appartenez à la presse, à la politique, au monde des arts, à la science, etc... Depuis des années, voire des siècles, vous avez forgé pour la France une idéologie de démocratie, de Droits de l'Homme, d'égalité des races, et d'égalité des sexes. Or, il est dans la société française un domaine où cette idéologie est piétinée quotidiennement, où les principes du droit, de la liberté et de l'égalité sont roulés dans la boue au nom de concepts subjectifs, d'intérêts corporatistes, et peut-être de tabous culturels. Vous, d'habitude si prompt(e)s à vous scandaliser, à mener campagne, à interpeller, dans ce domaine vous restez muet(te)s. Il est vrai que les victimes souvent sont dans une situation matérielle ou psychologique qui les empêche d'appeler au secours. C'est pourquoi nous vous demandons de porter toute votre attention à ce qui suit.

 

Il ne s'agit ni du chômage, ni du Sida, ni de la drogue, ni des SDF, ni des femmes battues, ni du foot. Non ! De cela vous en parlez. Vous vous scandalisez. Vous agissez, bien ou mal. Vous faîtes des bonnes choses et des erreurs, mais vous vous mobilisez.

Je parle du droit des enfants à garder un contact étroit avec leurs deux parents, à être élevés par eux deux dès lors que ces parents les aiment et ne les maltraitent pas.

Ce droit qui vous semble aller de soi est refusé à des centaines de milliers d'enfants en France. Ce sont les enfants dont les parents sont séparés.

Traitement inadapté

La société intervient pourtant par le biais du système judiciaire. Celui-ci est conçu pour protéger les victimes des infractions, crimes et délits et punir ceux qui les commettent. Des parents qui se séparent ne sont pas forcément en conflit, n'ont commis ni crime ni délit, mais peuvent avoir des intérêts divergents. On leur impose en cas de divorce un juge qui, sans qu'aucune infraction à la loi n'ait été commise, va être amené à désigner un gagnant et un perdant, un bon et un méchant.

Mission impossible

Les juges sont formés au droit. Ici, la loi leur demande de se déterminer en fonction de "l'intérêt de l'enfant". Or, qui peut dire objectivement, au nom du peuple français, puisque cette formule figure sur toutes les décisions de justice, quel est l'intérêt d'un enfant ? Est-ce d'être élevé à la ville ou à la campagne? D'être élevé en dehors ou dans la religion? De partir en vacances à la mer ou à la montagne? D'être élevé dans une famille de gauche ou de droite ?

Est-ce bien du ressort d'un juge ?

Les parents ne sont-ils pas les seuls compétents en la matière ?

Les parents qui s'aiment ont des divergences, ils en discutent et trouvent des compromis. Les parents qui se séparent, qui ne s'aiment plus, ou même qui se détestent auront bien sûr plus que les précédents des difficultés à trouver des compromis. Ils auront besoin d'aide, de médiation pour trouver un accord.

Néfaste influence ou le mythe du bon juge

Qu'ils soient mariés ou non la pratique et la loi les conduisent devant le juge. Son intervention et toute la procédure orchestrée par les avocats va figer les positions et, de plus, aberration parmi les aberrations, le juge doit choisir chez qui vivra l'enfant. Comment dans ces conditions, les parents peuvent-ils s'entendre ?

Le "bon juge" serait un juge qui permettrait aux deux parents de rester co responsables de leurs enfants mais la loi confie au juge une mission différente dès lors qu'elle lui impose de désigner la résidence habituelle des enfants.

Par routine, par manque de temps, en présence de témoignages contradictoires, et sans pouvoir jouer, à cause de leur fonction de juge, le moindre rôle de conciliation, les juges confient les enfants presque toujours à la mère depuis plus d'un siècle.

A défaut le "bon juge" serait un juge qui chercherait la solution "juste". Ce n'est pas non plus ce que la loi lui demande puisqu'il lui est demandé de chercher "l'intérêt de l'enfant".

L'appréciation de cet intérêt étant subjective, les juges, sous le prétexte de la "caution scientifique" d'une catégorie de psy qui tiennent pour acquis que l'enfant à plus besoin de sa mère que de son père. Malgré les évolutions de la société, et des mentalités, en dépit des comportements des pères, et au mépris de tout principe égalitaire, les magistrats distribuent les rôles de la mère et du père sans le moindre changement.

Absence d'équité

Il existe encore dans notre idéologie égalitaire des réflexes sexistes qu'il faut analyser pour s'en affranchir : Eviter de faire pleurer une femme. L'homme serait plus solide, il supporterait mieux. Or, des mères pleurent quand le père a obtenu ... un simple droit de visite !

Enfants sacrifiés

Dans le déroulement de la procédure de divorce pour faute, un an au minimum va se dérouler entre le premier passage devant le juge qui prend des mesures dites provisoires en dix minutes à peine et le jugement définitif qui intervient après "examen" du dossier. Or, dans quatre-vingt-dix-huit pour cent des cas les décisions sont maintenues ! Nos magistrats seraient ils des visionnaires ou bien refuseraient-ils de reconnaître leurs erreurs ? Des milliers d'enfants sont sacrifiés par ce système. Est-ce acceptable ?

Des cercles vicieux ne peuvent être brisés. Ils offrent pourtant des alibis à la bonne conscience des juges. Par exemple : les gens savent qu'actuellement une mère qui n'obtient pas la garde est sans doute une mauvaise mère, donc lui enlever l'enfant, ce serait la dénigrer. Ne faut-il pas dénoncer cela ? "Peu de pères se battent pour garder les enfants" répondent depuis des lustres les chancelleries.

En effet, les pratiques judiciaires conduisent les avocats à les en dissuader (cela indispose les juges) et au nom de la "séparation intelligente" dans l'intérêt de l'enfant, (encore lui !), c'est toujours sur le père que s'exercent pressions et chantage affectif pour le faire céder.

Logique d'apartheid

Dans les séparations conflictuelles, le juge ordonne souvent un enquête sociale. Ces enquêtes n'étant en général qu'une supercherie destinée à vérifier la conformité des parents à une vision éculée de la famille dans laquelle les pères proches de leurs enfants ne peuvent ni se reconnaître ni être reconnus ! Quant au divorce par consentement mutuel, hormis les cas de réelle coopération entre les parents, la majorité des négociations est basée, non sur le respect mutuel, l'équité et la préservation des liens entre l'enfant et ses deux parents mais en fonction de ce que la mère obtiendrait en cas de demande de divorce pour faute. Le père se voit donc censuré dans sa relation de parent. Les avocats, les juges même le savent : aucun tort n'est nécessaire. De plus, l'intervention du juge, déresponsabilisante pour les parents, influence négativement les comportements, pourtant essentiels, de ces derniers vis-à-vis de leurs propres enfants.

Une guerre est entretenue par l'appareil judiciaire qui induit des stratégies d' exclusion mutuelle. Le père devient suspect auprès des services de police lorsqu'il ose porter plainte pour le non respect de ses droits de visite. On lui reprochera indifféremment toutes sortes de réaction : sombrer dans la violence, laisser tomber, ou manifester sa protestation par un refus de payer la pension alimentaire.

Il se retrouve le plus souvent exclu de son domicile, suspecté de ne pas offrir de bonnes conditions d'hébergement lors des week-ends, et imposé fiscalement comme un célibataire. On ne tient pas compte des frais parfois très importants qu'il engage pour continuer à exercer sa parentalité. Ces frais deviennent souvent inabordables quand la mère, forte de la caution du juge, au nom de la liberté individuelle, enlève l'enfant en toute légalité, déménage à l'autre bout du pays. Les pères qui s'adressent aux juges n'ont pour toute réponse qu'une baisse drastique de leurs droits de visite pour tenir compte de la nouvelle situation.

Que font donc les pères ?

Depuis maintenant vingt ans des associations se sont constituées, des pères militent, réfléchissent, proposent des solutions dans une indifférence désarmante, l'intelligentsia les marginalise. La plupart d'entre eux ne peut trouver la force d'une action soutenue car un combat se mène d'autant mieux que la vie familiale est équilibrée. Les actions revendicatives des pères sont souvent incompatibles avec une bonne gestion de leur paternité de divorcé. Les femmes sont sous représentées au Parlement. La priorité que donnent beaucoup d'entre elles à leur vie de mère sur leur vie publique en est la cause principale. Il en est de même pour les hommes qui accordent cette priorité à leur rôle de père. Quels hommes pourtant combattent le sexisme mieux que ceux-là ?