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mardi 6 juin 2000

RUPTURE DES LIENS FAMILIAUX...

RETROUVER LA RELATION PARENTALE

MEDIATION & ESPACE-RENCONTRE

LES DEMANDES

Depuis quelques années, nous constatons la multiplication des lieux d'accueil et de rencontre pour parents et enfants, dénommés diversement, et nous y voyons beaucoup d'aspects difficiles que nous allons aborder, ayant bien vu et constaté que d'autres personnes dans cette journée abordent les facettes plus positives.

En quelques sortes, nous allons jouer les "parents du diable..." mais je m'appuierai essentiellement sur ce que les parents disent eux-mêmes, et veuillez les excuser à l'avance de leurs paroles que je rapporte ici.

D'emblée, nous dirons que les lieux d'accueil, c'est la "réussite" du conflit puisque l'un des deux parents est dans une position de rapport de force telle qu'il contraint l'autre à l'absence d'une relation avec leur enfant commun. C'est l'exercice d'un pouvoir alors terrible: l'enfermement et la limitation de droit.

C'est mettre l'autre parent à la merci d'une surveillance de chaque instant... comme s'il fallait être surveillé dans sa parentalité. C'est aussi un doute sur la parentalité, une méfiance.

Est-ce une étape nécessaire ? Encore faut-il approcher ou définir ce qui est nécessaire.

Peut-être que cela évite le pire, bien que ce soit déjà le pire, mais cela empêche souvent le mieux.

Ce lieu, pour un parent n'est pas sa propre maison, l'on n'est pas sous son toit ; c'est un lieu où l'on ne retrouve pas son intimité, l'intimité de son foyer. C'est un lieu artificiel, un lieu de contrainte, même s'il est question de rencontrer son enfant, car tout dépend des conditions.

Mais surtout, c'est la limitation de la durée de la relation entre parent et enfant, et ceci engendre une impression de grande frustration.

Là où chacun des deux parents, en début de séparation, voulait, souhaitait, espérait avoir ses enfants avec lui le plus possible, cette relation devient réduite à un week-end sur deux, au 1er, 3ème et éventuellement 5ème de chaque mois. Mais, pis encore, tout-à-coup, cette relation devient réduite à quelques heures, parfois seulement une ou deux heures par quinzaine...

De plus, parfois ou souvent, cette mesure prend plusieurs mois pour être mise en oeuvre, entre le délai de la rédaction de la décision de justice, les prises de rendez-vous pour examen de la situation avec les parents, les créneaux horaires à trouver pour les rencontres, et parfois de la mauvaise volonté de l'un ou de l'autre.

Le temps est un élément très fort et présent pour ces parents qui attendent, qui attendent alors qu'ils pensent normal d'être avec leur enfant chaque jour, qui attendent à la petite quinzaine pour voir ou plutôt pour entrevoir leur enfant seulement une heure ou deux seulement.

Et ceci, sans compter les fois où l'enfant ne viendra pas !

Les lieux d'accueil apparaissent comme des réponses un peu simplistes à la demande des institutions, face à l'un des parents voulant restreindre ou éliminer la relation de l'autre avec leur enfant commun, plutôt que comme une demande d'un des parents pour améliorer la situation, ainsi qu'on la retrouve formulée en médiation familiale.

Comment respecter les droits de l'enfant, le respect de la vie privée, et même les droits de l'Homme ? Comment respecter ces droits fondamentaux et naturels, en limitant à ce point la relation parent-enfant, dans 9 cas sur 10, la relation père-enfant ? Comment respecter la psychologie parentale, l'affection et l'émotivité à laquelle chacun a droit, mais surtout le sort et l'avenir de l'enfant ?

Sans doute si certains parents sont demandeurs de lieux d'accueil, c'est parce qu'ils sont déjà déresponsabilisés par rapport à leurs enfants ; c'est qu'on leur a déjà enlevé beaucoup de droits ; c'est qu'on leur a enlevé ce qui fait que tout parent se sent parent à part entière. Ceux qui sont et se sentent responsables de leur enfant (par exemple en début de procédure, ou avant) ne sont pas du tout demandeur de "lieux d'accueil" : voir son enfant dans un cadre étroit et d'une telle façon limitée dans le temps, est forcément une déresponsabilisation qu'aucun ne peut accepter !

Ce lieu d'accueil n'est pas la demande des parents. La demande des parents est de voir leurs enfants dans des conditions normales, de s'en occuper sous leur toit, chez eux, et de vivre avec eux dans le quotidien.

Ce n'est pas plus la demande des enfants qui souhaiteraient bien avoir des relations normales, habituelles, fréquentes, continues et prolongées avec leurs deux parents. Or, ils sont trop souvent pris dans un conflit de loyauté qui les enserrent dans des liens "contraints" avec celui des parents qui a autorité sur eux en fonction du rapport de force dans le couple ou en fonction d'une décision de justice.

Et, signe insidieux, ceux qui sont demandeurs de ces lieux d'accueil, ou qui ont intérêt à voir une telle relation entre enfant et parent peuvent enfin dire : mais il "voit" son enfant, et même régulièrement... !

Le lieu d'accueil n'est pas la bonne réponse pour les pères, ni pour les enfants. Vous voudrez bien m'excusez si je généralise, mais ce sont surtout les pères qui subissent durement les conditions limitatives des lieux d'accueil.

Oui, il y a bien une question de langage : rencontre, visite... S'il y a un parent qui "rencontre" son enfant, c'est que l'autre vit chaque jour avec lui...

- le parent "visiteur" est bien souvent le père,

- le parent "habituel" est bien souvent la mère,

-le père étant devenu le parent inhabituel...

- et, nous éviterons de dire "parent gardien".

Nous garderons ici, contre notre volonté, le terme de "droit de visite", mais il nous semble bien que les lieux d'accueil ne nous ouvrent pas d'autres horizons.

LES CAS PARTICULIERS

Avant toute analyse sur la question du conflit, il faut faire une distinction entre ceux qui doivent voir leurs enfants dans des lieux d'accueil parce qu'ils sont dans ces cas particuliers de parents violents, toxicomanes, alcooliques, abuseurs sexuels, ou psychopathes, et ceux qui sont seulement "en conflit" ou même en simple désaccord.

Encore faudrait-il relativiser : quelle violence et quelles causes ? Quel alcoolisme, et pourquoi ? Quels abus sexuels, réalité ou fantasme ? Et il faudrait aussi examiner le bien fondé de ces cas car les fausses accusations sont extrêmement courantes en la matière.

 

LES LIEUX D'ACCUEIL" ET LE CONFLIT

Depuis des années, j'ai eu maintes occasions de rencontrer des pères qui étaient empêchés de voir leurs enfants soit par une décision de justice, soit par la mère des enfants communs qui faisait obstruction.

Tout en proclamant que ce ne sont pas les recours en matière pénale qui amèneront les bonnes solutions, il nous faut constater une grande mansuétude sinon la bonne compréhension de la justice répressive vis-à-vis des mères, et les fortes condamnations contre les pères dans des situations identiques, sans parler, bien évidemment, des condamnations pour des questions d'argent.

Nos observations nous montrent que les lieux d'accueil deviennent souvent un moyen pour les mères afin de limiter le "droit de visite" déjà si minime pour les pères. Bien des exemples montrent que le lieu d'accueil est la réponse judiciaire faite au père quand la mère s'oppose réellement à la relation qu'il souhaite avoir avec son enfant. Là où, précédemment, il y a quelques années, les juges incitaient, parfois avec fermeté, à la bonne application de la décision de justice pour maintenir la relation père-enfant avec un "droit de visite" défini, ils nous semblent maintenant enclins à un certain laxisme et tentent cet artifice de relation parentale qu'est le lieu d'accueil et de rencontre. Les "droits de visite" habituellement du week-end (une fois sur deux) se transforment en quelques heures un samedi de temps en temps : réduction dans le temps, réduction dans la fréquence.

Avant l'époque, ou avant l'invention des lieux d'accueil, il y a un peu plus de dix ans, les juges ordonnaient un "droit de visite classique" (sic) en cas de désaccord : 1er, 3ème, 5ème week-end et la moitié des vacances. Maintenant, devant la difficulté des juges à dire "le droit et le devoir" en matière familiale, la nouvelle règle du désaccord devient "classique" : quelques heures sous surveillance !

Cela constitue un poids judiciaire supplémentaire non dénué de culpabilité, et un allongement de la procédure dans un "provisoire" qui se prolonge. Des mois et des mois de "lieux d'accueil", souvent des années, aboutissent à maintenir moins qu'un minimum de contacts, ou parfois à rétablir seulement un "droit de visite" limité, là où l'espérance du parent victime de fausses accusations était de vivre avec son enfant d'une façon équilibrée.

C'est une fausse réponse aux fausses accusations que les mères font de plus en plus contre les pères en déclarant exagérément incestes et attouchements vis-à-vis de l'enfant, et trop de professionnels s'y engouffrent en utilisant les lieux d'accueil comme une réponse aux hésitations de la justice.

Il y a "conflit" parce qu'il y a manque de droit et manque de devoir. Peu acceptent de jouer ce rôle moral d'imposer des droits et des devoirs, surtout aux mères. Les juges sont en train d'inverser un processus. Avant, ils disaient la règle : "le père verra quand même son enfant, même si la mère n'est pas d'accord", pour en arriver maintenant à gérer le désaccord de la mère : "le père ne verra pas son enfant, sauf si la mère est d'accord". C'est le côté insidieux de la fameuse expression "sauf meilleur accord des parties"...

Actuellement, il nous semble qu'il y a ambiguïté entre ces deux tendances contradictoires : soit les pères sont maintenus ou introduits en équilibre des pouvoirs, voire en contre-pouvoir ; soit, l'un des parents a tout pouvoir, droits et autorité vis-à-vis des enfants. Dans la première hypothèse, certains saisissent sans doute mal comment pourrait se gérer cet équilibre des pouvoirs car sans doute peu connaissent vraiment le processus et les avantages de la médiation familiale. Sans doute craignent-ils aussi que la gestion de la décision finale leur échappe puisque ce sont les parents eux-mêmes qui prennent leurs décisions ! Il est vrai que ce n'est pas facile de comprendre, de saisir la "dynamique" vivante et extraordinaire de la médiation familiale par rapport à la "statique" des jugements, arrêts et ordonnances. Il est alors certainement plus facile pour eux de se référer à la seconde hypothèse qui colle parfaitement avec une socio-culture traditionnelle qui correspond mieux à l'institution qui se perpétue jusque maintenant : souvent il est affirmé que les mères ont tous pouvoirs et les lieux d'accueil y répondent, alors que la médiation familiale n'y répondrait sans doute pas.

Un lieu d'accueil fermé et gardé prend alors bien des aspects pervers, sous l'apparence de faciliter les relations entre pères et enfants.

Néanmoins, il devrait y avoir possibilité de trouver un consensus moral : ce n'est pas en contraignant celui à qui le juge donne le moins de droit qu'on peut arriver à une bonne solution car c'est contre toute logique humaine. Il faut au contraire imposer des limites à celui qui prend trop de droit par rapport à l'autre jusqu'à lui supprimer ses droits et sa parentalité.

Le lieu d'accueil devient alors le lieu de l'angoisse des pères et des enfants. Le lieu d'accueil apparaît comme l'alibi de l'individualisme, d'un combat qui réduit la famille à la liaison mère-enfants. Le point de rencontre est le résultat du conflit qui organise le futur.

Les parents, avec les lieux d'accueil, sont encore un peu plus enfermés dans les rôles respectifs de "gagnant" et de "perdant", gagnant l'enfant ou le perdant.

S'il y a conflit, c'est que l'un des parents veut marginaliser, voire éliminer l'autre dans la relation à l'enfant, au moins par rapport à l'égalité de droit nécessaire entre les deux parents. Mais, de plus, s'il y a conflit, c'est parce que les décisions entérinent souvent la position conflictuelle du parent qui veut éliminer l'autre de la relation à l'enfant commun, et en l'occurrence, donne raison un peu aveuglement à la mère, au nom de sa place symbolique à laquelle personne n'ose toucher !

Les lieux d'accueil deviennent alors les supports concrets et effectifs pour accentuer les conflits et au besoin pour que l'un des parents les créent, avec si nécessaire toutes les fausses accusations que les juges ont l'habitude d'entendre : violence, attouchements et inceste, etc, dans lesquels les pères sont victimes des procédures avec présomption de culpabilité plutôt que présomption d'innocence. Il faut ainsi alors avoir une force immense et de saines réactions de défense pour supporter toutes ces fausses accusations, ce qui renforce encore plus le déséquilibre entre les deux parents, donc les conditions du conflit.

Les lieux d'accueil ne semblent pas vraiment des lieux neutres, car ils agissent avec une interaction très forte dans les procédures en venant figer la situation parentale où l'un des parents a tous les droits de vivre avec son enfant, l'autre seulement bien peu d'instants pour le voir.

Un enfant sur deux en France ne voit plus son père affirme l'INED (Institut National des Études Démographiques). Ce n'est pas en limitant ainsi les relations parentales avec les lieux d'accueil que les milliers d'enfants qui ne voient plus leur père retrouveront un contact durable ! Au contraire, les lieux d'accueil concourent à la distanciation, à l'éloignement. Le lieu d'accueil, c'est le lieu de découragement des pères, dans un rapport de force extrême.

Les lieux d'accueil vont de pair avec le maintien des droits de visite malheureusement "habituels" (1er, 3ème, 5ème week-end et la moitié des vacances) qui entraînent déresponsabilisation et abandon, éloignement et distanciation. C'est l'école de l'oubli où les relations quotidiennes avec l'enfant font partie du passé, sans actualisation. Rien d'efficace ne peut se construire dans la discontinuité de quinzaine en quinzaine. C'est le maintien du rapport de force marginalisant l'un des deux parents.

Nous n'avons pas vu de lieux d'accueil accueillant les enfants suivant un rythme accru compensant le peu d'heures de visite, par exemple plusieurs fois par semaine, mais il y en a peut-être, ce qui serait une nouvelle pratique.

Le lieu d'accueil, c'est :

Or, tout ceci n'est pas plus l'intérêt de l'enfant qui lui aussi est sous surveillance, et observe que son père est aussi sous surveillance.

Les lieux d'accueil ne sont pas la réponse au conflit, en aucune manière. Ils sont les réponses du parent qui refusent l'enfant à l'autre.

Les lieux d'accueil, c'est la faillite du droit, puisque ces décisions viennent lorsque les décisions de justice habituelles ne sont pas appliquées parce que le parent "habituel" s'y oppose. La justice ne fonctionne pas : elle sous-traite, en pis aller.

C'est une nouvelle façon de retrouver une limitation des "droits de visite", et c'est contraire à l'évolution sociale des relations entre les parents, des relations entre pères et mères, entre hommes et femmes.

Quel est le rapport logique entre "enfermement" et "situations conflictuelles" ? Quelle logique ?

Il n'y a aucune relation entre les deux. Les lieux d'accueil risquent de figer les situations, et les empêcher d'évoluer vers l'égalité nécessaire et le dialogue utile, à moins que par ailleurs la médiation familiale permettent d'en sortir.

Comment expliquer que la plupart des cas, les parents restent enfermés "intra-muros", bien souvent dans des locaux exigus ?

Le satisfecit parfois donné n'est pas justifié. Des travaux de recherche effectués montrent que dans 60 % des cas, on ne sait pas ce que deviennent les relations pères-enfants après leur séjour dans les points de rencontre.

Or, nous nous savons ce que deviennent ces relations : elles n'existent plus. Les pères abandonnent devant tant de soumission demandée, leurs difficultés financières sont énormes. Ils dépriment de ne plus avoir de famille. Ils perdent leur travail, d'ailleurs pourquoi donc travailler ? Pour une famille qu'ils n'ont plus ? Ils se retrouvent souvent à la rue. Ils fuient. Ils n'ont plus confiance en rien, ils ne croient plus en rien. Ils n'osent même pas dire ce qu'ils sont devenus. De toutes façons, ils ne sont rien devenus. Ils sont les morts civils de notre siècle, comme cela existait au siècle dernier. Ils sont les exclus des exclus. Observons que 95 % des S.D.F. sont des pères divorcés.

La question de l'accompagnement à la suite d'une rupture de relation avec l'enfant depuis longtemps, répond sans doute aux mêmes réserves que certains spécialistes ont sur les capacités des pères à s'occuper de leurs enfants : ils auraient besoin d'assistance et auraient besoin d'être surveillés.

Dans ces cas, il suffirait de lieux très ouverts où les parents pourraient trouver réconfort, aides et accompagnements... seulement s'ils le souhaitent.

LES SOUHAITS DES PARENTS

Il apparaît très difficile pour des parents "normaux" d'avoir des relations avec leurs enfants dans les conditions des lieux d'accueil sous surveillance, dans des lieux sans vie, hors leur vie quotidienne. L'expérience de ceux qui l'ont vécu se ressent comme avoir été sous surveillance, comme dans une cellule, avec un gardien, même lorsque c'est avec la plus grande gentillesse du personnel ; c'est un sentiment de blessures supplémentaires, de difficultés prolongées, de soumissions accrues à l'autre parent, de constat d'échec, d'approfondissement du manque de droit.

Ce que parents et enfants souhaitent pour leur relation propre : c'est la liberté, c'est aller et venir, c'est une relation de voisinage, c'est vivre dans leur propre maison, c'est la chaleur de leur maison, c'est l'intimité et la pudeur, c'est leur parentalité dans toute sa conception, c'est aussi le contact avec d'autres membres de la famille, grands-parents ou autres.

Par contre, mais c'est une autre question, il apparaît important de trouver des réponses pour les parents qui viennent voir leurs enfants à des centaines de kilomètres de chez eux afin de les accueillir, et là encore il y a confusion entre lieux ouverts et lieux surveillés. Ceci est d'autant plus vécu durement si le déplacement est dû à un "kidnapping légal" que souvent la mère a fait en enlevant l'enfant, en l'emmenant à des centaines de kilomètres.

Des propositions comme celle citée de "La Passerelle" de Grenoble nous semblent beaucoup mieux adaptées : lieu d'accueil et lieu d'activités en toute liberté. Pourquoi même ne pas voir et accepter les propositions de familles d'accueil ou des solutions de gîtes ruraux ?

Pour un minimum de cas, c'est un lieu de "retrouvailles", un lieu ponctuel d'accompagnement dans la relation à l'enfant. Mais ce ne sont pas des lieux adéquats pour ceux qui n'ont pas besoin d'accompagnement.

Ils peuvent être aussi un lieu "d'échange" et de transition ponctuelle qui évite que l'enfant n'aille de l'un à l'autre des parents sur le quai d'une gare ou sur le paillasson ou encore en bas de l'escalier devant l'interphone.

Ces lieux devraient être des lieux ouverts afin de permettre d'améliorer les relations entre pères et enfants, et non pas des lieux fermés.

LES LIEUX D'ACCUEIL ET LA MÉDIATION FAMILIALE

Il faut donc lever la confusion existante entre "lieu d'accueil" et "médiation familiale".

La médiation familiale se propose d'aider les parents gérer eux-mêmes leurs désaccords et leurs différends, alors que les "lieux d'accueil" se proposent de gérer eux-mêmes un droit de visite d'une façon cadrée et surveillée dans un lieu limité, pour une durée limitée. Alors que la médiation familiale est fondamentalement un processus permettant une évolution de chacun, nous constatons que les lieux d'accueil tels qu'ils fonctionnent cristallisent et figent les positions du parent habituel dans une situation de prépondérance, de primauté et de pouvoir.

Les lieux d'accueil m'apparaissent difficilement en complément de la médiation familiale, car les professionnels qui y travaillent sont (tel que nous l'avons observé) souvent dans la confusion des fonctions : ils sont des intermédiaires et non des médiateurs familiaux.

Les lieux d'accueil sont l'image de la déresponsabilisation des parents, alors que la pratique de la médiation familiale est, à l'opposé, responsabilisation.

On peut comprendre que parfois, il soit préféré les lieux d'accueil parce qu'il y a suivi judiciaire et un contrôle, alors que la médiation familiale plaît sans doute moins parce que la responsabilité est redonnée aux parents, sans contrôle.

Il faut vraiment redonner aux parents la gestion de leurs propres difficultés que de toutes façons aucune institution ne suivra pendant des années, et la médiation familiale seule peut les y aider.

LES SOLUTIONS SONT-ELLES DANS LE PROCESSUS JUDICIAIRE OU DANS LE DOMAINE DES RELATIONS PSYCHOLOGIQUES ?

Pourquoi chercher des solutions judiciaires et alourdir les procédures, là où les solutions sont d'ordre psychologique, relationnel et liées à la communication entre les deux parents ?

Il est nécessaire de travailler sur le "conflit", plutôt que de le considérer comme acquis, car il conforte la position du parent qui refuse de reconnaître l'autre comme un parent à part entière.

Mais, il faut donc affirmer avec force et clarté le droit de l'enfant à garder ses père et mère près de lui, tout autant affirmer le devoir de coparentalité. Sans une réelle égalité de droit, il est illusion de croire que les parents puissent négocier s'ils ne sont pas d'égal à égal.

La médiation familiale semble plus que nécessaire pour répondre à l'évolution des histoires familiales. La médiation familiale paraît aujourd'hui la solution à généraliser.

Oui, les solutions sont plus d'ordre psychologique que judiciaire.

Cependant, n'allons pas trop loin dans le côté "psy", et apparemment, Oedipe ne retrouverait pas plus son compte aujourd'hui, car avec les pratiques judiciaires valorisant les "lieux d'accueil", la marginalisation du père semble presque garantie, ainsi que semble maintenue la fusion de la relation mère-enfants. Le père est déjà mort au combat (mort civile, j'entends), et Oedipe n'aurait plus besoin de se crever les yeux, car il aurait été rendu aveugle dès sa naissance.

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